Le coq égosillé chancelle comme un pitre.
Par grands coups de clarté, le soleil cogne aux vitres
Et, dans un remuement de feuillage et d’oiseaux,
Poursuit l’aube blottie au lit vert des roseaux.
Un volet qu’on entr’ouvre éveille le village.
Voici qu’un jardin bouge, où la poule saccage
La motte que blesse un furtif éraflement.
La coccinelle court et veut obstinément
Contourner du melon la panse lisse et ronde.
Le ciel crève d’été, toute la vie est blonde.
Des dindons hébétés picorent par erreur
Le rayon, sucre d’or. Une haute chaleur,
Lasse d’avoir plané, rabat son aile chaude
Sur les maisons, le sol. La ruche entière rôde.
Sur le sein plus rosé d’un calice mignon,
Comme une bouche, s’attarde le papillon,
Pendant que le soleil, sabot lourd de lumière,
Vient gravir le perron en écrasant le lierre.
La nature chante et s’éveille d’abondance. La passion se fait lumière, tableau vivant.
1. Quels indices permettent de comprendre que le poème se déroule le « Matin », comme son titre l’indique ?
2. Quels mots (verbes, noms, adjectifs) évoquent la force et l’omniprésence de la lumière ?
3. De nombreux verbes sont présents dans « Matin ». Pouvez-vous les identifier et exprimer leur effet sur le sens du texte ?
4. Ce poème est une longue description. Qu’est-ce qui la rend si vivante ?
5. Observez les rimes présentes dans le poème, ainsi que la longueur régulière des vers. Comment ces éléments influencent-ils ta façon de réciter le texte ?
Activité d’écriture
À la manière de Medjé Vézina, composez à votre tour le tableau vivant d’une saison ou d’un moment de la journée que vous aimez. Choisissez les couleurs, les sons, les odeurs, les créatures et les lieux qui le peupleront !
Liens utiles
Commentaire de l’ancien enseignant au collégial Jean-Louis Lessard sur le recueil Chaque heure a son visage.
Medjé Vézina, « Matin », Chaque heure a son visage, Montréal, Les Herbes rouges, coll. « Five o’clock », 1999.